Festival 2021

LEFEUVRE Eric

Enfant, je pousse souvent la porte du laboratoire noir et blanc de mon père. De ces heures passées dans cette petite pièce rougissante naît une vocation qui me pousse à intégrer l’agence GWD qui couvre l’actualité politique et sociale.

La chance et le hazard des rencontres me font embaucher en 48 heures au service photo de la capitale. Jacques Chirac est à ce moment-là à Paris, un peu abattu après sa défaite aux présidentielles de 1988. Commence alors pour moi une aventure hors du commun : accompagner durant 30 ans, aussi bien dans ses déplacements que dans l’intimité, celui qui deviendra le cinquième président de la Vème république. Ma toute première photographie de lui remonte à 1984. Il était Maire de Paris, il avait 52 ans, j’en avais 18. C’était lors d’une réception à l’Hôtel de Ville, j’avais été appelé à remplacer des photographes du service de presse, je me souviendrai toujours combien j’avais été à la fois impressionné et tremblant face à ce grand échalas.

Dans l’ombre de Chirac

Homme à la curiosité permanente, affichant un sourire constant et une fantastique vitalité, toujours à l’écoute des autres, Jacques Chirac était profondément convaincu qu’il faut se nourrir de toutes les civilisations Partir à la rencontre des cultures et s’émerveiller de leurs richesses n’était pas une posture médiatique ou anecdotique mais le résultat d’un amour profond pour l’Humanité dans toutes ses facettes. Jacques Chirac n’aimait pas les photos dans lesquelles il apparaissait, mais il aimait la photographie, celle qui montrait l’autre, les autres, celle qui lui permettait d’assouvir sa curiosité et ses interrogations sur le monde. J’ai à ce titre toujours été frappé par le fait qu’il ne disposait d’aucune photo de lui dans son bureau à l’Élysée.